Athlètes : Alimentation cétogène, bénéfique ou risquée ?

On imagine mal un semi-marathon sans l’odeur réconfortante d’un plat de pâtes la veille. Pourtant, certains athlètes choisissent d’ignorer le riz, les bananes et tout ce qui ressemble de près ou de loin à un glucide. Un pari risqué ? Ou la recette d’une endurance décuplée ? La diète cétogène, longtemps chasse gardée des amateurs de perte de poids, s’invite désormais sur les pistes, les tatamis et dans les vestiaires, bousculant les codes séculaires de la nutrition sportive.

Ce régime, fondé sur la suprématie des lipides et la mise au placard des sucres, fascine autant qu’il divise. Gagner en autonomie énergétique ou s’exposer à la panne sèche : la promesse séduit, la réalité interroge. Derrière la tendance, une question taraude les entraîneurs comme les sportifs : peut-on réellement se surpasser en ignorant presque totalement le sucre ?

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Pourquoi l’alimentation cétogène séduit de plus en plus d’athlètes

Le régime cétogène s’invite désormais dans les discussions d’après-séance et dans les carnets de préparation, loin du cliché du sportif accro aux féculents. Miser sur les lipides, réduire les glucides à la portion congrue : cette stratégie, longtemps perçue comme marginale, s’impose peu à peu chez les athlètes en quête d’un nouvel avantage. L’idée ? Mieux contrôler la gestion de l’énergie et peaufiner la composition corporelle.

La promesse est limpide : forcer le corps à piocher dans ses réserves de graisse, via la production de corps cétoniques. Chez les adeptes d’endurance (cyclistes, ultra-traileurs, triathlètes), ce basculement métabolique représente une forme de liberté : moins dépendre des ravitaillements sucrés, repousser la fameuse “muraille” du coup de fatigue. Mais la logique séduit aussi certains pratiquants de sports de force, soucieux d’optimiser leur silhouette – moins de gras, récupération accélérée, sensation de légèreté retrouvée.

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Pour beaucoup, le cétogène serait le moyen d’échapper aux montagnes russes glycémiques et à l’angoisse de la fringale entre deux entraînements intenses. Sous cet angle, le régime keto fait figure d’alternative face aux limitations des diètes classiques centrées sur l’amidon.

  • Gestion de l’énergie sur la durée : la machine à brûler les graisses tournerait à plein régime, écartant le spectre de la défaillance lors des longues épreuves.
  • Perte de poids et optimisation corporelle : la chasse à la masse grasse motive nombre de sportifs à tenter l’expérience.
  • Récupération : certains témoignent d’une sensation de fraîcheur accrue après l’effort, même si la science tempère cet optimisme.

Le cétogène n’est plus une simple lubie d’initiés : il bouleverse les modèles établis, proposant une autre lecture de la nutrition sportive, loin des dogmes du “tout glucide”.

Quels effets sur la performance sportive et la récupération ?

Changer radicalement de carburant, cela bouleverse tout le moteur. Passer à un régime cétogène transforme la manière dont le corps gère l’effort : exit la priorité aux glucides, place à l’oxydation des graisses comme principale source d’énergie. Après une période d’adaptation – parfois rude –, certains athlètes maintiennent leur performance en endurance, du moins sur des épreuves d’intensité moyenne.

Mais la médaille a son revers. Avec des réserves de glycogène musculaire au plus bas, impossible de tenir la cadence sur les sprints, les changements de rythme ou les efforts explosifs. Pour les sports collectifs ou les courses nécessitant des accélérations, l’absence de glucides se traduit par une fatigue qui s’installe plus vite et coupe les jambes.

La récupération n’est pas épargnée : sans sucre pour reconstituer le stock de glycogène après l’effort, les muscles mettent plus de temps à retrouver leur tonus. Certains sportifs évoquent une sensation de jambes plombées, des difficultés à enchaîner les séances rapprochées. Le manque de glucides finit par peser, surtout quand le rythme s’intensifie.

  • Effet positif : les réserves de graisses sont mieux mobilisées, l’autonomie énergétique s’allonge sur les trails ou les raids.
  • Effet limitant : la puissance maximale chute, la récupération demande plus de patience.

Impossible de trancher d’un bloc : la recherche nuance le tableau. Si l’endurance pure ne s’effondre pas forcément, la capacité à enchaîner les efforts courts, explosifs ou imprévus semble sérieusement entamée par un cétogène strict.

Risques potentiels : ce que révèlent les études scientifiques

Le revers de la médaille, il est là aussi : le régime cétogène, s’il séduit pour ses vertus sur la masse grasse et la gestion de l’énergie, n’est pas sans risques sur la santé. Les études récentes pointent le danger de carences nutritionnelles – en vitamines B et C, mais aussi en minéraux comme le magnésium et le potassium. Baisser la garde sur les fruits, zapper les céréales : le menu perd en diversité, le corps en micronutriments.

L’adaptation à cette nouvelle alimentation vire parfois au calvaire digestif : constipation, nausées, ballonnements. Ces troubles, bien documentés, touchent bon nombre d’athlètes au démarrage du régime. L’apport insuffisant en fibres, conséquence d’un menu trop restrictif, n’arrange rien.

Autre point de vigilance : la fonction rénale. Les sportifs ayant des antécédents ou une fragilité doivent surveiller l’impact d’un apport élevé en protéines animales, qui augmente la charge de travail des reins. Quant à la santé cardiovasculaire, elle dépend directement du choix des matières grasses : trop de saturés, et les paramètres sanguins virent au rouge. La littérature scientifique souligne l’importance de la qualité des lipides et d’un suivi régulier.

  • Carences potentielles en vitamines et minéraux
  • Risques de troubles digestifs persistants
  • Fonction rénale à surveiller chez les personnes fragiles
  • Effets discutés sur le profil cardiovasculaire selon les choix alimentaires

La tolérance au cétogène dépend donc de la diversité de l’assiette, du choix des graisses et d’un suivi médical attentif. Hors de question de jouer les apprentis sorciers sans filet.

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Conseils pratiques pour adopter le cétogène sans compromettre sa santé

Réussir sa transition vers le régime cétogène demande méthode et vigilance. Oublier la marche forcée : mieux vaut avancer pas à pas. Les passages en force se paient cash, avec troubles digestifs et performances en berne. S’entourer d’un nutritionniste ou d’un professionnel de santé aguerri à ce type d’alimentation, c’est la meilleure façon d’éviter les erreurs de casting et de surveiller les marqueurs biologiques.

Tous les lipides ne se valent pas. Miser sur les gras insaturés – huile d’olive, avocat, noix, poissons gras – tout en limitant les saturés présents dans les produits industriels, voilà la règle d’or. Malgré la chasse aux glucides, les fibres doivent garder leur place. Légumes pauvres en glucides (épinards, brocolis, courgettes, asperges) : ils sont les alliés incontournables pour préserver le transit et entretenir le microbiote.

L’hydratation et la balance des électrolytes ne tolèrent aucune négligence. Au début du régime, les pertes en minéraux s’accélèrent, rendant la vigilance sur le sodium, le potassium et le magnésium encore plus cruciale, surtout quand les entraînements s’intensifient.

  • Effectuer des bilans réguliers (fonction rénale, lipides sanguins, vitamines)
  • Ajuster les apports à la charge d’entraînement et aux objectifs sportifs
  • Consulter sans attendre si des symptômes inhabituels persistent (fatigue, crampes, troubles digestifs…)

Le mot d’ordre reste la personnalisation : chaque corps réagit différemment, chaque discipline a ses exigences. Entre rigueur, écoute de soi et accompagnement professionnel, le cétogène peut devenir un atout – ou un écueil. Comme un équipement technique : il ne révèle son potentiel que bien ajusté, jamais imposé à l’aveugle. Et sur la ligne de départ, mieux vaut miser sur la stratégie que sur le dogme.