Breaking 2028 : pourquoi ne revient-il pas ?

Le Comité International Olympique a validé en octobre 2023 la liste définitive des sports présents à Los Angeles 2028. Le breaking, admis à Paris 2024, n’y figure plus.

Cette décision met fin à une expérience inédite pour la discipline, qui n’aura été retenue qu’une seule fois malgré l’engouement initial. En coulisses, plusieurs fédérations nationales et acteurs du mouvement hip-hop expriment leur incompréhension face à ce choix.

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Le breaking, une discipline olympique éphémère

À Paris, le breaking a décroché ce que peu de disciplines issues de la culture urbaine ont connu : une place sur la scène des Jeux olympiques. Fruit du hip-hop, propulsé hors de l’ombre par les battles endiablés des Jeux olympiques de la jeunesse 2018 à Buenos Aires, le breaking s’est imposé le temps d’une parenthèse. L’aventure aura été brève : passé l’été parisien, le breaking disparaît de la programmation, sans promesse de réapparition à court terme.

Du côté français, la fédération n’a pas ménagé ses efforts. Sous la houlette de son président, elle a misé sur cette occasion unique : offrir au breaking une visibilité mondiale, donner à l’équipe de France menée par Dany Dann l’opportunité de briller devant un public conquis. La discipline, spectaculaire et fédératrice, n’a pourtant pas su s’imposer durablement dans la liste mouvante des sports additionnels. Le parcours du breaking, aussi intense que soudain, rappelle à quel point il est difficile pour une discipline émergente de s’installer dans la durée au sein du calendrier olympique.

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Le breaking Jeux olympiques aura laissé son empreinte dans les arènes parisiennes. Entre virtuosité artistique et exigences physiques, il a proposé un nouveau regard sur l’esprit des Jeux, croisant spectacle et performance. Déjà, lors des Jeux paralympiques et à Buenos Aires, la jeunesse s’était emparée de cette énergie. Maintenant que l’épisode est clos, une interrogation demeure : comment capitaliser sur cette dynamique, comment la faire perdurer, alors que d’autres disciplines ont déjà conquis leur place à Los Angeles ?

Pourquoi le breaking a-t-il été écarté des JO 2028 ?

Le breaking ne sera pas de la partie parmi les sports additionnels à Los Angeles. Le comité d’organisation américain a fait un choix stratégique : mettre l’accent sur des disciplines qui résonnent sur le territoire, qui parlent à l’imaginaire collectif local. La sélection 2028 fait la part belle au cricket, au squash, au flag football et à la crosse. Autant de sports solidement ancrés dans la culture nord-américaine, capables de mobiliser le public et d’attirer l’attention des diffuseurs.

Ce choix s’inscrit dans une logique de renouvellement permanent. Le Comité international olympique veut que chaque ville hôte imprime sa marque sur le programme. Casey Wasserman, à la tête de l’organisation de Los Angeles, insiste sur la nécessité de coller aux envies de la jeunesse californienne, tout en garantissant la visibilité que recherche le CIO, sous la présidence de Thomas Bach.

Même si le breaking a su conquérir Paris, il s’est heurté à la rude concurrence du flag football, incarnation du football américain, et du cricket, géant du Commonwealth. Los Angeles a fait le pari de la familiarité et de la puissance de rassemblement, laissant le breaking derrière, sans perspective immédiate de retour. La rotation désormais institutionnalisée des sports additionnels laisse l’avenir du breaking en suspens sur la scène mondiale.

Les critères et enjeux derrière la sélection des sports olympiques

La sélection des sports aux jeux olympiques s’apparente à un véritable parcours d’obstacles. Chaque discipline doit convaincre, chiffres et arguments à l’appui, pour s’inscrire dans la durée. Derrière l’image d’ouverture qui entoure l’événement, la réalité est bien plus rude : chaque sport additionnel plaide sa cause devant un jury exigeant.

Voici les critères qui entrent en ligne de compte lors de la sélection :

  • Popularité internationale : Le nombre de pratiquants compte, mais la répartition géographique du public passionné pèse aussi lourd.
  • Impact économique : Les bénéfices pour la ville organisatrice, les sponsors et les diffuseurs sont scrutés à la loupe.
  • Héritage : Un sport doit prouver sa capacité à générer un héritage, à encourager la pratique au-delà de l’événement.

L’attractivité mondiale, mesurée notamment par le nombre de fédérations affiliées, reste une donnée majeure. Le potentiel télévisuel est scruté : l’audience doit être au rendez-vous, les chaînes prêtes à investir. Le CIO vise la jeunesse, comme on l’a vu à Tokyo et Paris, et cherche à capter de nouveaux publics. Le breaking incarnait cette ambition à Paris. Mais à Los Angeles, le flag football et le cricket ont bénéficié d’un ancrage local fort, tout en séduisant à l’échelle internationale, le cricket, notamment, s’appuie sur le dynamisme du Commonwealth.

La rotation des sports additionnels, initiée à Tokyo et poursuivie à Paris, s’est imposée comme la nouvelle règle du jeu. À chaque édition, une part du programme se réinvente. Pour le breaking, après son passage sous les projecteurs de Paris, il faudra patienter, guetter la prochaine ouverture.

personnage mystérieux

Danseurs et communauté : quelles conséquences pour le breaking ?

L’absence du breaking à Los Angeles soulève une question : quelle empreinte cette discipline laissera-t-elle après son aventure olympique parisienne ? La notoriété, la lumière, la force collective : tout ce qui s’est joué à Paris n’a rien d’anodin pour la communauté. La visibilité olympique paris a offert au breaking une exposition sans précédent, portée par des figures comme Dany Dann et soutenue par la fédération française emmenée par Charles Ferreira.

Mais la déception ne freine pas l’élan. En France, la génération qui a goûté à la scène olympique garde une ambition vive. Les crews, les têtes d’affiche de la scène nationale entretiennent la dynamique, profitant de retombées en matière de notoriété et d’accès aux infrastructures. Sur les réseaux sociaux, la communauté poursuit son essor, tout en gardant un œil sur les olympiques jeunesse ou les grandes compétitions internationales.

Pour mieux cerner l’impact, voici ce qui se dessine aujourd’hui :

  • La France s’impose comme un pôle structurant, forte d’une histoire riche et de performances récentes.
  • Le breaking conserve une place à part dans l’univers urbain mondial, là où se croisent sport et culture hip-hop.

L’épisode olympique n’a pas refermé la porte ; il a ouvert un horizon. La discipline, portée par ses passionnés et les relais institutionnels, continue de viser plus loin. L’histoire du breaking au sommet n’a peut-être fait que commencer.